LES TRAMES INVERSéES

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Ezra ne dormait plus. Les chiffres s’imposaient à lui dans les reflets de vitrine, les numéros de téléphone, les plaques d’immatriculation, les tickets de métro. Le univers mondial semblait se encager d’une photo numérique mouvante, instable, glissant entre les lois naturelles et une nouvelle forme de suggestion. Il ne prévoyait plus juste. Il influençait. Sans prétexte, sans effort, il décalait les événements. Et le physique, en retour, le regardait. Chaque calcul effectué déclenchait une métamorphose légère. Une lettre manquait sur une société qu’il avait banale intacte quelques minutes plus tôt. Une dépêche changeait d’étage. Les souvenirs de certains lieux devenaient brumeux, notamment s’ils n’avaient jamais été sous l'apparence qu’il leur connaissait. Ezra comprenait qu’il manipulait une matière plus subtile que le temps ou l’espace : la rappel du microcosme. Ses prévisions, pourtant énoncées dans un service de voyance discret, effaçaient ou réécrivaient sans qu’il le veuille. Il tenta de s’abstenir. Il ferma son carnet. Il coupa tout lien avec ses séculaires consommateurs. Mais l’effet persistait. Ce n’était plus ses consultations qui modifiaient l’univers, mais sa seule amabilité impact aux chiffres. Il était devenu un moyeu de évolution. Là où il posait son regard, les probabilités se réorganisaient. Il repensa à sa ample fondée sur une voyance sans cb, concédée sans copie monétaire, enracinée dans l’écoute et le respect de l’inconnu. Elle avait fonctionné autant qu’il restait à la norme, tant qu’il laissait les des festivités faire leur cours. Mais à présent, il représentait une déstabilisation. Londres lui apparaissait désormais à savoir une toile craquelée. Il entrevoyait des fissures dans les têtes, des incohérences dans les mouvements, des doubles silhouettes parcourant les foules. Le domaine tenait encore, mais il ployait sous un poids que lui isolé ressentait.

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